A l’occasion d’un point presse tenu le 13 mai dernier à Paris, les représentants des entreprises membres de l’Association française du rail (AFRA) ont souligné que le fret ferroviaire entrait dans une zone à risque du fait de la volonté du Ministre des Transports de vouloir mettre en place un socle social pour le ferroviaire applicable à l’ensemble des entreprises du secteur ferroviaire.
Selon Marc Bizien, directeur général d’ECR, l’équation est simple : « les opérateurs ferroviaires alternatifs dégagent globalement des marges de l’ordre de 1% alors que leurs coûts de main d’œuvre représentent 25% de leur chiffre d’affaires. C’est dire l’ampleur de l’impact potentiel sur la compétitivité de toute modification des règles sociales ». Actuellement, les personnels des nouveaux opérateurs sont régis par cinq accords de branche qui prévoient des garanties classiques (35 heures hebdomadaires, compensations pour travail de nuit, repos périodiques) et bénéficient de rémunérations très voisines de celles des cheminots de la SNCF. Cependant, du fait notamment d’une différence en matière de jours de repos (104 par an contre 126 à la SNCF), de règles plus souples en matière de roulement, la productivité des nouveaux entrants est supérieure de 30% à celle de l’opérateur historique. Un écart logique pour Marc Bizien, compte tenu de la position toujours dominante de l’opérateur historique (70% du marché fret) et des divers avantages dont il bénéficie. Alourdir les contraintes, notamment en matière de flexibilité du temps de travail, représenterait donc, pour les membres de l’AFRA « un risque majeur ». D’autre part, l’AFRA rappelle combien sont différents les métiers et les conditions d’exploitation du fret (financement privé) et du transport de voyageurs (financement majoritairement public pour les trains régionaux). Le prix du billet sur le plan régional est pris en charge à 70% par les contribuables. Les entreprises fret n’ont pas obtenu l’assurance d’obtenir un traitement différencié pour le fret par rapport au voyageur alors que le secteur routier est fortement compétitif. Il domine le transport de marchandise avec 87,6% de part de marché en 2012. Les négociations en cours ne distinguent pas les deux secteurs.