La filiale de SNCF ouvre la voie du premier placement privé en euro sur des maturités lointaines.
Après EDF en janvier 2014, c’est au tour de SNCF Réseau d’émettre des obligations à 100 ans. Le 22 juillet dernier, le gestionnaire du réseau ferroviaire français est parvenu à contracter un emprunt de 25 millions d’euros sur une période de 100 ans. Ce n’est pas tant le montant qui est, somme toute, plutôt modeste comparé aux 5 milliards d’euros empruntés chaque année par l’entreprise publique, mais la durée, exceptionnelle pour un établissement public à caractère industriel (EPIC). Habituellement, l’agence gouvernementale se finance sur 30, voire 50 ans.
Le marché obligataire en euro s’ouvre sur des maturités longues
C’est une « première », soulignent les experts financiers sachant que les investisseurs ne se bousculent pas au portillon sur ce type d’opération. « Un seul investisseur a souscrit à cette opération » , précise la banque HSBC qui n’a pas souhaité divulguer son identité. « EDF avait emprunté en sterling. Le marché obligataire sur l’euro s’ouvre sur des maturités lointaines, et SNCF Réseau est le premier à franchir le pas à des taux très bas », explique Jérôme Pellet qui a piloté l’opération chez HSBC. Cette échéance de 100 ans permet en effet à SNCF Réseau de bénéficier d’un taux très intéressant de l’ordre de 2,78%, en raison notamment de la garantie implicite de l‘Etat français qui rassure les investisseurs. Elle permet aussi d’allonger la durée de sa dette qui s’élevait fin 2014 à quelque 37 milliards d’euros. Cette opération que SNCF Réseau compte bien réitérer sur des montants plus importants si d’autres investisseurs se présentaient, lui permet de contenir ses échéances moyennes entre 20 et 30 millions d’euros par an sans avoir besoin de refinancer sa dette sur les prochaines décennies. « Ce n’est là qu’un début, SNCF Réseau est une très belle signature. Il est le propriétaire du réseau ferroviaire. Les tendances de développement du rail sont bonnes, compte tenu des objectifs nationaux en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES). Et ce n’est pas son stock de dettes qui pourrait freiner les investisseurs», estime Jérôme Pellet qui reconnaît chercher d’autres investisseurs à ces niveaux de rendement sur des actifs français à très long terme.
Un marché en développement
D’autant plus que les investisseurs semblent de plus en plus enclins à investir sur ces échéances. En mars dernier, de nombreux investisseurs avaient manifesté leur intérêt pour l’émission d’un emprunt d’1,5 milliard d’euros par l’Etat mexicain à un taux plus élevé de 4,2 %. En 2011, le groupe Engie (ex GDF Suez) avait lancé un gros emprunt de 700 millions de dollars sur 100 ans à un taux de 5, 95 %. Nous avons pu constater le même mouvement sur le marché obligataire dans sa tranche à 50 ans, souligne la banque HSBC. La branche infrastructures de SNCF a commencé à émettre des obligations sur des maturités de 50 ans en 2012. « Aujourd’hui, ses placements à cette échéance se situent un peu plus d’un milliard d’euros », confirme Jérôme Pellet.