Est-ce que le fret ferroviaire est suffisamment développé en zone portuaire? Que peut-il y apporter ?
« Le constat a été fait qu’entre 2000 et 2008, la part du fret ferroviaire à origine et destination des ports a fortement baissé. Celle-ci est tombée à un niveau très insuffisant alors que les ports constituent naturellement d’exceptionnelles plateformes multimodales.
Au Port de La Rochelle, nous avons fait du ferroviaire un levier de développement portuaire. Nous considérons que c’est un vecteur essentiel pour densifier la collecte des marchandises au sein de l’hinterland du port, étendre celui-ci et drainer de nouveaux trafics. C’est aussi un moyen de réduire l’empreinte carbone de l’activité portuaire, en reportant du trafic routier sur le fer.
Depuis 2008, la part du ferroviaire dans la logistique des marchandises portuaires s’est déjà développée de plus de 30 %. C’est le résultat de la forte implication du Port pour moderniser son réseau ferroviaire et de la conviction de ses clients qu’utiliser le ferroviaire leur permet de mieux se développer. Nous avons pour objectif d’augmenter encore d’environ 40 % cette part d’ici à 2015 ».
Comment expliquer ces évolutions ?
« La désaffection générale pour le fret ferroviaire, conjuguée au délaissement des réseaux portuaires, a généré une forte chute de la part de ferroviaire dans la logistique portuaire. Par exemple, les dessertes à l’intérieur du port de la Rochelle souffraient d’un manque de productivité du fait d’une infrastructure et d’un mode d’exploitation inadaptés… Au point qu’il fallait presque autant de temps pour parcourir 150 Km en amont du port que pour réaliser les 5 derniers kilomètres à l’intérieur de celui-ci.
Grâce à la possibilité qu’ont eue les Ports d’acquérir le réseau ferroviaire présent sur leur domaine ainsi qu’à l’Engagement national pour le fret ferroviaire, ceux-ci ont pu s’approprier cet outil essentiel. À la Rochelle, près de 7 millions d’euros ont été mobilisés pour moderniser le réseau ferré de 45 Km que le Port a acquis auprès de RFF. Les dessertes vers ses clients ont été fluidifiées et le raccordement de chacun de ses terminaux de chargement réalisé. Une modification en profondeur a aussi été menée pour assouplir l’exploitation des circulations ferroviaires.
À nous aussi, d’être facilitateurs pour les chargeurs présents dans l’hinterland afin qu’ils basculent leur logistique sur le ferroviaire et qu’ils réactivent leurs installations terminales embranchées (ITE) : il y a là une source importante de report modal et de réorientation de la logistique vers les ports. Je crois aussi que la création d’une plateforme logistique dédiée et embranchée fer, éventuellement mutualisée entre plusieurs Ports, serait de nature à stimuler le fret ferroviaire à origine ou destination des zones portuaires »
Le Port de la Rochelle a créé un opérateur ferroviaire portuaire en partenariat avec Euro Cargo Rail. Dans quelle mesure les nouveaux entrants peuvent-ils soutenir le développement de cette activité ?
« Le développement du fret ferroviaire à origine ou destination du port de la Rochelle passera par un élargissement de son hinterland et par une densification de la collecte ferroviaire à l’intérieur de son hinterland. Sur ce deuxième axe, il apparaît que l’organisation opérationnelle des entreprises ferroviaires de taille importante n’est pas toujours adaptée à une gestion plus fine des sources potentielles de fret.
L’arrivée de nouveaux entrants pourrait offrir des solutions de gestion plus souple, plus pertinente pour l’adresse des flux. Le concept « d’opérateur ferroviaire portuaire », tel que mis en exploitation au Port de La Rochelle, est perçu comme une réponse pertinente au marché, du fait du maillage intégré entre un opérateur ferroviaire dimensionné pour réaliser de la courte et moyenne distance et Euro Cargo Rail, apte à prendre le relais sur la longue distance. Notre OFP intègre de fait, grâce à son actionnaire Euro Cargo Rail, la courte et la longue distance.
Il peut offrir ses services à tout client portuaire sur toute distance et, dans des conditions économiquement viables, accéder au réseau ferré national en tout point ».