Jean-Louis Bianco l’annonçait dans son récent rapport sur la réforme ferroviaire : la fin du « tout TGV » va bientôt être actéepuisque le premier ministre et le ministre des transports ont approuvé le rapport de la Commission « mobilité 21 » dirigée par le député Philippe Duron.
Et plus précisément son deuxième scénario qui propose de repousser après 2030 la construction de quatre lignes à grande vitesse (LGV) que le gouvernement Fillon avait programmé à la suite du Grenelle de l’environnement : Paris-Clermont Ferrand, Bordeaux-Hendaye, Poitiers-Limoge et la seconde phase de la LGV Rhin-Rhône. D’autres projets de LGV seront également requalifiés en lignes rapides comme Marseille-Nice (Paca) et Paris-Normandie. Grâce à l’affectation de la moitié de l’éco-taxe au budget de l’agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), 400 millions d’euros supplémentaires par an permettront toutefois de porter à 28-30 milliards d’€ l’enveloppe consacrée aux nouveaux projets d’ici à 2030. Ce qui préserve le lancement de la LGV Bordeaux-Toulouse et l’achèvement de la construction en cours des sections LGV Tours-Bordeaux, Le Mans-Rennes, Metz-Strasbourg et le contournement de Nîmes et de Montpellier.
Le gouvernement doit confirmer officiellement ces orientations lorsqu’il présentera le 9 juillet le volet transport de son plan d’investissement pour la croissance. D’ici là, il aura fort à faire pour calmer la colère de nombreux élus régionaux qui crient à la trahison. Restent les réalités financières nées de la contrainte de la dette publique. Il suffit pour s’en convaincre d’entendre Jacques Rapoport, président de RFF, évoquer l’engagement de son groupe pour 2,3 milliards de « fonds propres négatifs » sur les 4 LGV en chantier actuellement pour se dire qu’une dette de RFF à 50 milliards d’euros en 2017 (31,5 milliards à la fin 2012) n’est pas une vue de l’esprit…