Alors que l'avenir des trains Intercités est menacé, Manuel Valls a souhaité apaiser les esprits en annonçant vouloir concentrer les moyens humains et financiers de la SNCF sur les « lignes les plus empruntées ».
Le Premier ministre, Manuel Valls, a voulu frapper fort. Mercredi dernier, lors d’une visite au siège de la SNCF à La Plaine-Saint-Denis, à l'occasion d'une cérémonie marquant la nouvelle organisation de la SNCF, celui-ci a affirmé sa volonté de privilégier l’usage du train au quotidien pour tous les Français. « La priorité doit changer », a-t-il martelé. « C'est un message pour l'ensemble de nos concitoyens. Il s’agit de faire baisser l’âge moyen du réseau, de concentrer les moyens humains et financiers sur les lignes les plus empruntées, sur les transports du quotidien ». A travers cet engagement, Manuel Valls a souhaité apaiser les esprits. Le 13 juillet dernier, l'Association des régions de France (ARF) était en effet montée au créneau pour alerter l’opinion publique sur « l'abandon » de plusieurs dessertes Intercités « sur l'ensemble du territoire » en dénonçant au passage l'approche « exclusivement comptable » du gouvernement.
Un budget pour les trains Intercités jugé insuffisant par l’ARF
Le gouvernement n’a que partiellement suivi les recommandations de la Commission sur l'avenir de trains Intercités, emmenée par le député PS Philippe Duron, qui préconisait un budget de plus de 3,5 milliards d’euros dans son rapport remis le 26 mai dernier à Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports. L’enveloppe annoncée par le gouvernement s’élève à 1,5 millions d'euros pour ces lignes Intercités non reliées par le TGV qu’il faut moderniser. Ce même rapport dressait d’ailleurs un constat sévère, jugeant ce réseau aux lignes vieillissantes, inadapté aux nouveaux besoins de mobilité des usagers, et déficitaire de 400 millions d'euros en 2015. Depuis 2011, le nombre de voyageurs a baissé de près de 20% sur les lignes Intercités.
Avec cette feuille de route, le gouvernement entend « faire renaître cette offre de transport », « composante essentielle de la desserte de nombreux territoires », mais dont le déficit d'exploitation est « devenu insoutenable ». Guillaume Pépy, le président de la SNCF, a toujours été très clair sur ce point : « Il y a une place pour des trains Intercités sur les grandes lignes entre villes importantes et villes moyennes ». Mais de préciser aussi : la question du «financement » doit être tranchée. « Aujourd'hui, celui-ci n'est pas acceptable puisque le contrat de service public est financé par l'opérateur lui-même à 93?%, via une taxe sur le TGV et la SNCF.Parmi ses recommandations, le rapport Duron préconise une refondre l'offre, en mettant fin notamment aux doublons avec les trains régionaux, et encourage l'expérimentation d’une ouverture progressive à la concurrence prévue par l'Europe à partir de 2019. Aussi, pour palier la disparition de certaines lignes Intercités, Philippe Duron propose le développement des TER (Trains Express Régionaux) ou des autocars.
Se préparer à l’ouverture du marché à la concurrence
La nouvelle organisation de la SNCF doit préparer la France à l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs, prévue par l'Union européenne pour 2022. Pour le Premier ministre, l'ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire français ne doit pas être un « tabou ». Bien au contraire, il faut « placer l’État au cœur du dispositif », a-t-il déclaré. Manuel Valls a par ailleurs réaffirmé le maintien des crédits alloués à la modernisation du réseau.
Suite à la réforme ferroviaire en vigueur depuis le 1er janvier 2015, le groupe public ferroviaire est désormais composé d'un établissement public (Epic) de tête, nommé SNCF, qui chapeaute SNCF Mobilités, l'opérateur ferroviaire, et SNCF Réseau, en charge de l'infrastructure.