L’association UFC-Que Choisir encourage les régions à expérimenter la mise en concurrence des TER
29 mai 2015 | Actualités du ferroviaire
L’Association UFC-Que Choisir et la FNAUT dénoncent la dérive des coûts d’exploitation et le manque de ponctualité des transports régionaux.
Le succès des trains régionaux est incontestable. Avec une hausse de la fréquentation de 34 % depuis 2002, ce sont quelque 4 millions de voyageurs qui empruntent chaque jour les trains express régionaux (TER), Transilien etRER en Ile-de-France. Mais à quel prix ? L’association UFC-Que Choisir a voulu en savoir plus. Et le bilan montre de nombreux dysfonctionnements. A commencer par le « coût considérable » : 10,3 milliards d’euros en 2013, dont 2,6 milliards à la charge directe des consommateurs. Pour le TER, souligne l’étude , les coûts d’exploitation « ont progressé de 87 % en 10 ans. Hors péages pour l’utilisation des rails, la SNCF a vu ses frais d’exploitation au kilomètre passer de 13,1 euros à 18,5 euros. Un emballement de 41 %, 2,3 fois plus élevé que l’inflation», précise l’UFC-Que Choisir. Selon l’association, cette situation résulte « du monopole dont la SNCF jouit sur le transport ferroviaire régional. Ainsi protégée, l’entreprise a délibérément fait le choix de son intérêt propre avant celui de ses clients, en consacrant plus que la totalité de ses gains de productivité (baisse de 14 % des effectifs entre 2003 et 2013) à l’augmentation de sa masse salariale (+ 16 %). »
La ponctualité des trains vivement critiquée
D’autant plus que le service n’est pas à la hauteur des attentes des consommateurs, estime UFC-Que Choisir. Ainsi, en 2014, « seulement 89,5 % des TER sont arrivés à destination avec un retard inférieur à 6 minutes, bien loin des performances de nos voisins européens comme l’Allemagne (94,9 %) ou l’Autriche (96,4 %). En Ile-de-France, la situation n’est pas plus brillante, avec en moyenne 11,5 % des voyageurs qui subissent un retard. Une ponctualité très variable selon les lignes, qui peut descendre à moins de 85 % de voyageurs à l’heure sur la ligne A du RER, qui compte un million de voyageurs quotidiens ». Des chiffres officiels qui ne sauraient masquer une grande partie des trains annulés, remarque l’étude, puisque « sortent des statistiques les trains annulés au plus tard la veille avant 16h. De même, les retards de moins de 6 minutes ne sont pas comptabilisés. »
UFC-Que Choisir recommande la mise en concurrence des TER pour les régions qui le souhaitent
« Ces piètres résultats », estime l’association, « qui ne montrent aucune amélioration notable depuis dix ans, témoignent de l’insuffisance de l’incitation financière imposée par les Régions aux transporteurs ferroviaires pour améliorer leurs performances : cette rémunération variable plafonne en effet à moins de 1 % de la subvention d’exploitation totale. Cette tendance est facilitée par l’opacité dans laquelle les régions sont maintenues, les empêchant de négocier au plus juste la rémunération de la SNCF ». Tout aussi critique, elle poursuit : « L’envolée des coûts est d’autant plus critiquable, affirme que l’entreprise ferroviaire a bénéficié des investissements colossaux des régions. » En 2013, elles ont déboursé 564?millions d’euros (7,33?milliards d’euros depuis 2002) pour renouveler le matériel roulant. Face à ces constats,l’UFC-Que Choisir recommande « l’expérimentation de l’ouverture à la concurrence de l’exploitation des trains régionaux pour les régions qui le souhaitent ». Cette expérimentation permettrait, selon elle, de réaliser jusqu’à 20 % d’économies sur l’exploitation et de préparer la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs exigée par Bruxelles à partir de décembre 2019.
Prendre davantage en compte les attentes des usagers en matière de régularité
L’UFC-Que Choisir demande à ce que les règles de calcul de la régularité des TER soient revues pour donner des résultats qui reflètent le vécu des usagers. Elle préconise aussi une baisse automatique du tarif de l’abonnement aux trains régionaux en cas de retards récurrents sur un mois donné de même que le renforcement des mécanismes de pénalités touchant la SNCF et la RATP en cas de non-respect des exigences de qualité. Dans un manifeste rassemblant son analyse des besoins des voyageurs, la FNAUT insiste aussi sur la nécessité de revoir l’offre globale de mobilité, en particulier, le réseau Intercités, pour s’inscrire dans une logique d’aménagement du territoire. Concevoir des dessertes adaptées aux besoins de déplacements, souligne la FNAUT, implique une meilleure valorisation de l’accessibilité aux villes de province, un cadencement pour pallier les faibles vitesses sur les courtes distances, et surtout le développement des compositions modulables et des relations directes.