Dans un rapport remis début juillet au Premier ministre Manuel Valls, le sénateur UMP Michel Bouvard (Savoie) et le député PS Michel Destot (Isère) préconisent une augmentation des péages de 10 à 15% pour les poids-lourds empruntant les autoroutes françaises à travers les Alpes pour contribuer au financement du projet de tunnel ferroviaire reliant Lyon à Turin. Ces surpéages sont conformes à la directive européenne « Eurovignette », estiment-ils. L’Union européenne autorise en effet une majoration allant jusqu’à 25% pour les péages d’autoroutes situées en zone montagneuse, à condition que les recettes soient « investies dans des tronçons transfrontaliers de projets prioritaires d’intérêt européen comprenant des infrastructures situées dans des régions montagneuses », ce qui est bien le cas de la LGV Lyon-Turin.
Une manne de 40 millions d’euros par an
Michel Bouvard et Michel Destot, qui se sont vus confier cette mission fin 2014 par le Premier ministre, écartent l’idée d’une augmentation d’un quart et préférent privilégier l’hypothèse de deux taux: une hausse de 10% sur les autoroutes des Alpes du Nord et de 15% sur les autoroutes des Alpes du Sud, notamment la liaison côtière entre Aix-en-Provence et la frontière italienne, « pour tenir compte de niveaux de péages moins élevés dans ce secteur ». Ils permettraient de dégager, selon eux, quelque 40 millions d’euros supplémentaires de recettes nettes par an au profit de la construction de ce tunnel de 57 kilomètres de long.
Un projet financé à hauteur de 40 % par l’Europe
Pour éviter un choc tarifaire, ces derniers suggèrent d’introduire ces majorations de manière progressive, « par exemple sur cinq ans à raison d’une augmentation de 2% ou de 3% par an, soit une hausse annuelle de moins de deux euros sur les trajets les plus longs ». Ils estiment que ce surpéage pourrait être maintenu « jusqu’à 50 ans après l’ouverture du tunnel de base », soit théoriquement jusqu’à la fin des années 2070. Le 24 février dernier, soit 14 ans après l’accord initial, le président français François Hollande a annoncé le lancement des travaux de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin à partir de 2016.
Cette « autoroute ferroviaire », combinant fret et trafic de voyageurs, devrait entrer en service en 2028-2029. Le rapport Bouvard-Destot rappelle que les 8,17 milliards d’euros (en valeur 2012) « nécessaires pour la construction du tunnel de base seront apportés au taux maximum de 40% par l’Europe ». Le solde se partage entre l’Italie (57,9%) et la France (42,1%), soit 2,06 milliards d’euros côté français, « échelonnés sur les 12 ans de construction de l’ouvrage », selon le rapport.